Remises en question


Cette partie est consacrée aux études de situations urbaines actuelles en relation avec des problématiques de développement. Les études, qui seront répertoriées sous forme d’articles de présentation, proposeront des réflexions sur la réalité socio-urbaine,
par exemple la remise en question de certaines politiques urbaines et les conséquences que leurs applications entrainent…
Si vous voulez partager vos travaux de recherches sur ces sujets, n’hésitez pas à rédiger un article.
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alterurbanet@hotmail.com.

CAYENNE fonds de cour


L'EXPLOITATION LOCATIVE DES FONDS DE COUR À CAYENNE- GUYANE FRANÇAISE

Etudiante en Aménagement du territoire et en Urbanisme (formation au Centre d’Etudes Supérieures en Aménagement de Tours), je me suis « spécialisée » dans le développement local des PED depuis 2 ans. Je poursuis et termine ma formation à l’Institut d’Etudes sur le Développement Economique et Social de Paris, dans le cadre d’un DESS.
Mon mémoire porte sur l’exploitation locative des fonds de cour dans le centre ville de Cayenne en Guyane française. Globalement, dans quelle mesure ce phénomène permet-il de concilier l’immigration massive et la pénurie de logement, dans le contexte de dépendance économique que connaît le territoire ?


Mais tout d’abord, qu’est-ce que le « phénomène-des-cases-en-fond-de-cour » ?
Traditionnellement, l’ancienne ville coloniale qu’est Cayenne était composée de maisons créoles plus ou moins bourgeoises, qui font aujourd’hui partie du patrimoine local. Ce patrimoine est aujourd’hui délaissé par la population créole, au profit d’habitations modernes plus conformes aux normes « métropolitaines ». C’est aussi le résultat de la politique d’assimilation mise en place depuis 1946 (la Guyane devient alors un Département français). Parallèlement à cela, nous sommes en présence d’une importante frange de la population qui possède de faibles revenus (composée de migrants, de retraités, de jeunes étudiants, de mères célibataires, etc.), et qui ne trouve pas à se loger du fait de la saturation de la filière « formelle » d’offre de logements locatifs.

Ce contexte amène à la situation actuelle : des propriétaires de ces maisons traditionnelles (marchands de sommeil ? bienfaiteurs providentiels ?) louent à plusieurs ménages des pièces à l’unité, dans ces fonds de cour souvent insalubres. Ces espaces au cœur de la ville sont réinvestis par des populations en situation de précarité et cela derrière des façades de maisons créoles qui ne laisseraient imaginer, pour le passant pressé, ni la densité d’occupation, ni le niveau d’insalubrité de l’arrière cour…


Cette situation soulève de nombreux questionnements auxquels une enquête de terrain pouvait seule permettre d’apporter un début d’éclairage. Ces questions portaient, entre autre, sur :


- le nouvel usage de l’habitat créole traditionnel du fait de son appropriation par de nouvelles populations
- l’existence d’un parcours résidentiel type des migrants à Cayenne
- le « profil type » des occupants de ces fonds de cour, si tant est qu’il en existe un
- l’existence d’un réseau informel structuré permettant l’accès à ce type de logement

Mais aussi des interrogations sur les enjeux impliqués par la future réhabilitation du centre ville pour ce type de logement et ses « bénéficiaires » (locataires et propriétaires) ainsi que pour les acteurs institutionnels (volonté politique de « reconquérir » et de « revaloriser » le centre).
Mémoire de DESS, l’Institut d’Etudes sur le Développement Economique et Social de Paris - 2005-2006.

Les foyers de travailleurs migrants - France

[ Ousmane SAKHO saxusman@hotmail.com ]

VIEILLISSEMENT ET STRATEGIES RESIDENTIELLES DANS LES FOYERS DE TRAVAILLEURS MIGRANTS
Le cas des Africains subsahariens
Le vieillissement est un phénomène qui touche l’ensemble de la société française : en 2003, 12 millions de personnes avaient plus de 60 ans, représentant 21% de la population. En 2020, ce chiffre atteindra plus de 27%, avec 17 millions de personnes. En 2015, 40% de la population sera âgée de plus de 50 ans.
L'épisode de la surmortalité française lors de la dernière canicule (été 2003) a attiré l’attention de l'opinion sur la vulnérabilité et l’isolement de cette population ; beaucoup de retraités et de personnes âgées, d’origine étrangère ou pas, rencontrent les mêmes problèmes liés au troisième et au quatrième âge : l’affaiblissement des relations sociales et la fragilisation des conditions de santé.
Au sein de cette population fragilisée, il existe une frange « invisible et silencieuse », qui semble encore plus isolée et plus vulnérable que les autres, vivant dans des conditions socio-économiques spécifiques : les travailleurs migrants vieillissant dans des foyers. Les foyers de travailleurs migrants (FTM), dont la construction a commencé au début des années 50, ont une histoire et une fonction spécifiques. A l’époque, il s’agissait d’héberger la main-d’œuvre étrangère appelée en grand nombre pour les besoins de la Reconstruction et du développement économique. Cette population, essentiellement masculine, précocement vieillie par une vie de labeur souvent pénible, est célibataire ou « célibatairisée» ; ce qui renforce son isolement. Lorsque les migrants sont à la retraite ou handicapés par la maladie, la diminution des rémunérations et la nécessité, pour beaucoup, d'entretenir une famille restée au pays font partie des raisons qui les font demeurer en France, dans les mêmes foyers qui ont eux-mêmes vieilli.
Avant la crise économique de 1974, le chômage massif et les restrictions sur l’entrée et le séjour des travailleurs immigrés en France qui l’ont accompagné, les travailleurs migrants Africains subsahariens rentraient presque tous rejoindre leurs familles, une fois leurs projets migratoires réalisés. C’était également le cas de bon nombre de travailleurs migrants d’origine maghrébine vivant dans les mêmes foyers ; cependant, ceux-ci y terminent aujourd’hui leur vie, dans des conditions de précarité et d’isolement extrêmes.

Le contexte socioéconomique a profondément évolué depuis, mais l’objectif final du retour reste inchangé pour la génération qui accède aujourd’hui à la retraite. Il s’agit de localiser, dans le temps et dans l’espace, cette frange de la population, par l’analyse de leurs stratégies résidentielles et des motivations qui les sous-tendent. Cela pourrait permettre d’expliquer, en passant, la distorsion entre les souhaits de retour au pays, exprimés par les ressortissants d’Afrique subsaharienne vivant en FTM et ce non-retour qu’annoncent les statistiques officielles.
Mémoire de 3eme cycle, Ecole d'Architecture de Paris la Villette. Février 2006.

FRANCE, Marseille

PEUT-ON PENSER LA VILLE SANS SES HABITANTS?

[Christina SAM YUE CHI, Yâsimîn VAUTOR yasimin@ifrance.com 2004/2005]


La rue de la République, un avenir incertain pour un quartier populaire.

Située au cœur de Marseille, deuxième ville de France, la rue de la République, tout comme de nombreux quartiers du centre ville, fait l’objet d’actions de réhabilitation conduites au sein d’une politique de restructuration urbaine massive. D’allure bourgeoise, propriété d’un ou de deux grands opérateurs immobiliers sur un siècle et demi d’existence, cette artère a toujours connu un peuplement populaire. Laissés à l’abandon par les bailleurs privés peu concernés par la qualité des logements qu’ils fournissent, les immeubles accusent des carences en terme d’entretien. Aujourd’hui, dans ce contexte de revalorisation du centre, les quartiers tels que celui-ci constituent de véritables enjeux pour les investisseurs privés.

La réhabilitation des logements rue de la République s’accompagne d’une volonté de modifier le peuplement populaire au profit de classes moyennes et supérieures correspondant davantage à l’image de la nouvelle ville projetée, moderne, dynamique, « propre » et … aseptisée.

Peut-on repenser la ville sans ses habitants ? Que restera-t il de l’authenticité du quartier ? L’aspect « populaire » du centre ville n’est-il pas l’une des composantes essentielles de Marseille, lui procurant identité et caractère ? Qu’en est-il du droit à la ville, des droits des citadins ? Une série d’enquêtes a été menée par des étudiants de l’école d’architecture de Paris la Villette auprès de ces habitants menacés par des procédures plus ou moins légales d’éviction.

MUMBAI participation des habitants



LA QUESTION DE LA PARTICIPATION DES BIDONVILLOIS DANS LE PROCESSUS DE LEUR RELOGEMENT.

[ Aurelia Savery, 2005 , saveryaure@gmail.com]


A Mumbai, le relogement concerne une partie de la population de bidonvilles du centre ville. On voit émerger de grandes constructions en dur sur plusieurs étages de plus en plus nombreuses qui remplacent les habitations précaires. Mais les habitants dans ce relogement ont-ils leur mot à dire ?

Sentiment de résignation, manque de poids face aux autorités locales,… la situation semble être subie par les habitants des bidonvilles, qui pourtant sont organisés en coopératives d’habitants avec des leaders choisis pour mener à bien le principe de ‘participation’. La réalité est complexe, car elle touche des problèmes de clientélisme qui discréditent la voix des habitants, se confronte à une mafia très présente, également une politique d’intervention sur les bidonvilles (schéma SRS) qui sourit aux investisseurs privés lesquels privilégient la quantité d’unités construites au détriment des habitants qui s’accomodent de 17m² pour parfois dix personnes…

MUMBAI politique de relogement

LE 'SCHEMA SRS', POLITIQUE D'INTERVENTION SUR LES BIDONVILLES CONTROVERSÉE

[Christina Sam Yue Chi, Yâsimîn Vautor yasimin@ifrance.com, Aurelia Savery saveryaure@gmail.com et Irene Fernandez mailto:2005perufer2004@yahoo.es - 2005]

Le SRS est un programme de relogement des habitants de bidonvilles à partir de l’intervention de privés. Il permet aux constructeurs d’investir dans des projets immobiliers qui incluent le relogement de bidonvillois sur les terrains squattés. Grace à la valeur élevée du terrain et du logement à Mumbaï, la vente d’une partie des logements au marché libre crée une plus-value suffisante pour le relogement «gratuit» des habitants du bidonville existant sur le terrain concerné et pour assurer la rentabilité de l’investisseur privé.

Nous considèrons que la dépendance du schéma SRS aux fluctuations du marché privé limite sa capacité opérationnelle : il ne peut fonctionner que sous des conditions spécifiques (situation stratégique, terrains avec une forte pression foncière) qui n’incluent pas des situations précaires subient, entre auteres, par les populations vivant dans la rue et le long des voies ferrées…

BARRANQUILLA, Comment penser le droit urbain à travers la question de la préservation du patrimoine ?


[ Aurélia SAVERY saveryaure@gmail.com , Yâsimîn VAUTOR yasimin@ifrance.com janvier 2003 ]



Au début du siècle dernier, la Colombie était encore à forte dominance rurale. En l’espace de deux décennies (1950-1970), le pays subit un exode rural important : 75% de sa population habite alors des villes comme Barranquilla. La ville ne peut faire face à cet afflux massif et incontrôlé : le centre ville, le District Central, étouffe et perd de son attrait. Fuite des classes les plus aisées et phénomène de paupérisation ont entraîné le déclin du centre ville (précarisation des logements, abandon des commerces et industries, développement d’un sentiment d’insécurité, …). Les politiques de revalorisation de centres-villes s’accompagnent souvent d’un remplacement de la population au détriment des plus modestes. Se pose la question du droit à la ville pour les classes populaires dans ces politiques de redynamisation.
Barranquilla a su développer et préserver un patrimoine culturel riche, trouvant son authenticité dans le métissage des cultures, pratiques, modes de vivre et d’habiter.
Nous proposons dans ce travail sommaire une ébauche de réflexion sur le rôle que pourrait joué le patrimoine et sa revalorisation dans une démarche à la fois urbaine et socio économique.